Se décapitaliser l’esprit (part 2)
Pourquoi décélérer et minimiser mes dépenses inutiles dans un système qui m’aspire jusqu’à l’épuisement ?
Au programme :
Introduction : Le lien entre “se décapitaliser l’esprit” et “consommer”
Libérer l’espace, libérer l’esprit
L’auto-régulation pour reprendre le pouvoir
S’engager et résister ensemble
Si tu veux aller plus loin
Dans Se décapitaliser l’esprit (Part 1), tu peux retrouver une définition, une réflexion sur comment échapper à l’influence de nos pensées et croyances, et aussi comment s’en défendre.
Dans la (Part 2), j’ai essayé d’explorer le lien que je fais entre “se décapitaliser l’esprit” et “consommer”. Et comment repenser sa consommation permet de gagner de l’espace. Un espace qui nous aiderait à regagner du pouvoir pour lutter contre l’épuisement et gagner en émancipation.
1. Introduction : Le lien entre “se décapitaliser l’esprit” et “consommer”
Je n’ai pas la prétention d’être sociologue, économiste ou autre, mais je parle ici en tant que consommatrice, influencée par des valeurs de gauche, préoccupée par la santé mentale, le bien-être collectif, et par les soins que l’on peut s’apporter face à un système qui va à l’encontre de nos besoins réels.
De ce point de vue, je fais un lien direct entre “se décapitaliser l’esprit” et “consommer”. Car, à mon sens, le système capitaliste exploite nos désirs et nos insécurités pour nous maintenir dans un cycle de consommation incessant, un cercle vicieux qui nourrit notre aliénation psychologique et émotionnelle.
Le monde dans lequel nous vivons nous pousse à acheter toujours plus, à accumuler des objets, à remplir un vide créé de toutes pièces. L’influence de la société de consommation est omniprésente, et le chemin vers la décapitalisation dans nos vies ne pourra se faire que si nous agissons à la source du problème, et en collectif.
Il y a tant de choses que je pourrais partager ici pour nous aider, individuellement, à braver cet excès et à trouver un espace plus sain et plus équilibré face à ce mastodonte qu’est le capitalisme. Et c’est ce que je vais tenter de faire, en tout cas en partageant les pratiques qui m’ont aidée, ou qui m’aident encore, à ne plus accumuler pour combler des besoins qui ne sont même pas réels.
Oui, consommer moins c’est vivre mieux, mais je m’attaque à un sujet beaucoup plus vaste et fondamental. Ce n’est pas seulement une question de consommation d’objets, mais aussi de travailler moins pour vivre mieux, de dépenser moins pour vivre mieux, de s’informer mieux pour vivre mieux, et ainsi de suite. C’est tout un mode de vie et de pensée qui peut s’inverser, un pas à la fois.
2. Libérer l’espace, libérer l’esprit
Je trouve que l’un des premiers gestes, individuel j’entends, pour se libérer de l’emprise de la consommation excessive, c’est de faire du tri. Je prends régulièrement du temps pour évaluer ce que je possède et je vends ou donne ce dont je n’ai plus besoin. C’est une façon de redonner vie à des objets qui dorment dans un coin, mais aussi de libérer de l’espace, tant physique que mental. Par exemple, des plateformes comme Vinted ou Le BonCoin sont idéales pour vendre des choses qui ne me servent plus, et Geev ou certaines associations permettent de donner à celleux qui en ont besoin. Cela permet de limiter l’encombrement et de repenser notre rapport aux objets.
Il y a quelque chose de très apaisant dans le fait de donner plutôt que de jeter. Ça m’a fait prendre conscience que ce qui est inutile pour moi peut être précieux pour quelqu’un.e d’autre. Et on n’imagine pas à quel point ça peut l’être.
Ça m’a aussi poussée à réfléchir à ce que j’achète. Pourquoi acheter si ce n’est pas vraiment nécessaire ? Pourquoi accumuler des choses qui ne servent à rien ? À quoi j’essaie de répondre en faisant ça ?
Et quand un objet est défectueux, je me suis mise à réparer plutôt que de jeter. Une des choses qui m’a aidée, c’est que j’ai appris à coudre avec ma grand-mère. Du coup, je n’hésite plus à reprendre mes vêtements. C’est étonnant de voir à quel point on peut prolonger la vie de choses simples en prenant un peu de temps et en leur accordant de l’attention, tout en enrichissant des compétences personnelles. Par exemple, j’ai recousu une paire de chaussettes déchirées plutôt que de les jeter, et ça m’a donné un sentiment de satisfaction.
Voici d’autres conseils qui, je crois, peuvent nous aider à aller vers une décapitalisation de l’esprit :
Trier avec intention → Durant le tri, se demander : ai-je vraiment besoin de ça ? Ou même, depuis combien de temps je ne l’ai pas utilisé ? À qui cela pourrait-il servir, plus qu’à moi ? Donne ou vends plutôt que de laisser traîner inutilement chez toi. (Tu peux te programmer cette tâche à plusieurs, et rendre le moment convivial plutôt que vu comme une corvée épuisante.)
Privilégier les circuits de seconde main → Avant d’acheter neuf, regarde autour de toi. Ressourceries, vide-greniers, friperies ou plateformes de revente en ligne, il existe plein d’alternatives qui permettent de trouver ce dont on a besoin sans ajouter à la production de masse. Petit à petit, cela deviendra un réflexe et tu oublieras que les centres commerciaux existent.
Donner une seconde vie aux objets → Pourquoi ne pas transformer ou réparer au lieu de jeter ? Coudre, bricoler, ou même participer à des ateliers de réparation est une excellente manière de prolonger la durée de vie de tes affaires. La mode upcycling par exemple, c’est canon ! Lier créativité, compétence manuelle tout en évitant de succomber à la facilité du panier sur des sites internet, c’est cool.
Participer à des initiatives de partage → Rejoindre des groupes de dons, de troc ou des ateliers collaboratifs pour échanger des savoir-faire et des ressources peut vraiment aider à créer un réseau de solidarité et d’entraide. Tu peux même déjà commencer par écrire un mot dans ton immeuble : “Je donne des vêtements”, “J’ai des assiettes à donner”, par exemple. Tu ne connais aucun groupe et tu aimerais trop que ça existe ? Pourquoi ne pas créer le tien ? Et le faire autogérer par les membres (même si vous commencez à être 4, c’est génial).
Encourager l’entraide locale → Au lieu d’acheter un objet que tu n’utiliseras qu’une fois (comme une perceuse ou un appareil à fondue), emprunte-le à un ami, une amie, un.e voisin.e ou via une plateforme dédiée. C’est une belle manière de consommer moins, mais aussi de renforcer les liens avec ton entourage. “Hé coucou, j’ai besoin de repeindre mon plafond, quelqu’un.e aurait un rouleau de peinture ? Je le rends avec des biscuits au chocolat en retour ^^” (Plus sympa, non ?)
Oui, enfin, recoudre ses chaussettes au lieu de les jeter, c’est sympa, mais ce n’est pas le plus important. Parce que derrière tout ça, il y a cette envie profonde de revenir à l’essentiel, ouais, d’être un.e consommateur.rice exemplaire, absolument pas, c’est surtout la nécessité derrière ces démarches de reprendre le contrôle sur nos choix. De stopper l’emprise que l’on subit sans cesse pour nous faire consommer encore et encore. Et je sais à quel point c’est difficile quand ça vient toucher nos émotions, et que malgré toute la bonne volonté du monde, on n’y arrive pas. Mais pourquoi ?
« Elle prône un égoïsme libérateur, pas centré sur soi, mais sur la reconnaissance de ses besoins pour mieux interagir avec les autres. »
— Corinne Maier
3. L’auto-régulation pour reprendre le pouvoir
Le consumérisme, c’est un peu comme un piège qu’on nous tend tous les jours : acheter, toujours acheter. Chaque produit, chaque publicité, chaque promo joue sur nos émotions. Cherche pas, ils sont plus fort·e·s que nous là-dessus, alors on doit être plus intelligent·e·s qu’eux et contrebalancer. Ce n’est pas seulement le désir d’avoir quelque chose de neuf qui nous pousse à consommer, mais aussi la peur de manquer, de ne pas être à la hauteur ou de ne pas répondre aux attentes sociales (la liste peut être longue).
Ça m’est arrivé, par exemple, de multiplier les objets pour répondre à des besoins qui ne sont pas vraiment réels. Comme les oracles, tarots, et les livres. Pendant longtemps, je pensais que plus j’en avais, plus je serais “en possession de la connaissance et du savoir”. Mais en fait, aujourd’hui, je me suis rendue compte que 2 jeux de cartes me suffisent, tout comme une poignée de livres que je relis avec plaisir. Les autres ? Je les vends une fois fini·e·s ou je les donne. Accumuler des livres ou des objets juste pour les posséder et me faire croire que ça remplit un besoin, c’est quelque chose que je tente de questionner régulièrement.
Et tu te dis peut-être que toi, tu ne fais jamais de shopping et que ça ne te concerne pas du tout ce que je te raconte. Alors demande-toi, en quoi tu dépenses ton argent ? Formations ? Nourriture ? Location de cabinet ? (…) Ça revient au même tout ça.
« Le capitalisme nous vend une promesse de liberté tout en renforçant l’oppression sous des formes invisibles. »
— Audre Lorde
On nous fait croire que notre bonheur, notre valeur, tout est lié à ce que l’on possède. Cette recherche constante de biens matériels ou d’expériences parfaites est un moyen pour le système de nous garder dans son emprise. Alors, comment se libérer de cette pression ? Comment arrêter de consommer pour combler un vide qui, en réalité, n’existe pas ?
J’ai pensé d’abord à l’auto-régulation. Le fait d’apprendre à prendre du recul, à s’interroger sur nos réels besoins et à résister à ces petites tentations qui nous maintiennent dans l’emprise capitaliste. Parce qu’en fin de compte, aller regarder la source de ce que j’essaie de combler, c’est reprendre le contrôle de mes envies et arrêter de me laisser mener par le bout du nez.
Voici quelques conseils pratiques qui, je crois, peuvent nous aider à contrer la tentation émotionnelle de posséder :
Limiter l’exposition aux tentations → Supprime les applications de shopping de ton téléphone et désabonne-toi des newsletters de marques. Cela réduit la pression marketing et t’aide à te concentrer sur tes besoins réels plutôt que sur des désirs impulsifs. Ça marche pour toutes tes applications, utilise ton temps et ta concentration pour ce que tu as décidé.
Créer des listes de souhaits → Avant d’acheter un nouvel objet, pose-toi les bonnes questions : est-ce vraiment nécessaire maintenant ? Est-ce que je peux me contenter de ce que j’ai déjà ? Prends quelques jours pour réfléchir avant d’acheter. Tu peux aussi utiliser des outils comme Listy pour organiser tes envies et mieux les gérer.
Se créer un tableau de suivi de son budget → C’est une excellente manière de prendre conscience de où va notre argent. Cela permet d’analyser ses dépenses et de repenser ses priorités financières. En notant systématiquement chaque sortie d’argent, on peut identifier les domaines où l’on peut réduire ou ajuster ses habitudes de consommation. Ce processus aide à mieux comprendre ses besoins réels, à mettre en lumière les dépenses superflues, et à réorienter son argent vers ce qui est réellement important.
Réfléchir à la notion de possession → Dans une société qui glorifie l’accumulation, il devient crucial de remettre en question l’importance que l’on accorde à la possession. Psychologiquement, cette quête incessante de « toujours plus » est souvent le reflet de besoins non comblés, tels que la recherche de sécurité, de validation sociale, ou même la tentative de combler un vide émotionnel. Et si, plutôt que de dissimuler ces besoins par des achats qui ne font que donner l’illusion de les combler, nous explorions la véritable source de ces insatisfactions ? Repenser nos envies et apprendre à mieux comprendre ce qui se cache réellement derrière peut nous aider à créer des changements plus durables et significatifs, loin des artifices matériels (et tu peux te faire accompagner pour ça, pas besoin de d’auto-analyser sans cesse).
Redéfinir tes besoins → Prends un moment pour explorer ce qui est véritablement essentiel dans ta vie et ce qui nourrit réellement ton bien-être. Apprends à distinguer tes véritables besoins de ceux qui sont dictés par des influences extérieures, pour faire des choix plus alignés avec tes valeurs profondes. Se demander par exemple « Pourquoi est-ce important pour moi ? », « Est-ce que cela me nourrit vraiment ? » etc.
Prioriser le bien-être intérieur → Au lieu de te focaliser sur les biens matériels, concentre-toi sur des pratiques qui nourrissent ton esprit et ton corps. La méditation, la marche en pleine nature, ou même simplement prendre soin de soi sont des manières de recentrer tes priorités sur l’essentiel. Et ces plaisirs peuvent être gratuits, hein. Pas besoin d’acheter la dernière tenue de yoga pour pratiquer, ou d’avoir un abonnement sur une application de méditation pour méditer (d’ailleurs, je t’offre du gratuit ici si tu veux).
Revoir tes modèles de consommation → Challenge les images et les messages véhiculés par la société ou les publicités. Essaie de t’entourer de modèles qui privilégient des valeurs de simplicité, de durabilité et de lien humain, plutôt que de consommation à outrance. Par exemple, j’arrête de suivre des comptes/chaînes YouTube d’influenceur·se·s, quel·le·s qu’il·elle·s soient, et même si je m’étais attaché·e à eux·elles (très puissant le lien émotionnel qui pousse à la consommation), car au final cela m’incite à acheter quelque chose à un moment donné et ne m’aide pas à construire ce qui est vraiment important pour moi.
« Le consumérisme est une forme de violence qui vide les femmes de leur propre subjectivité. »
— Bell hooks
Mais alors, tout ça doit-il vraiment venir de moi ? Est-ce que je dois fournir tous ces efforts pour qu’il y ait du changement ? Et au final, pourquoi me battre pour “décapitaliser mon esprit” si cela me demande tant d’énergie et d’efforts ?
En réalité, la décapitalisation de l’esprit est avant tout un moyen de se libérer de tout ce qui ne porte pas une valeur authentique pour soi, et de se créer un espace où l’on peut nourrir ce qui nous fait vraiment grandir.
C’est un peu comme enfin se débarrasser de ce vieux tapis usé et moche qui traîne chez nous depuis des années, sous prétexte qu’on n’a pas envie de faire la poussière en dessous. Ce tapis, c’est le capitalisme qui nous maintient sous emprise malgré le fait qu’il ne nous apporte pas du bien, et la poussière en dessous, c’est tout ce qu’on veut pas voir, qu’on nous pousse à ne plus regarder, mais qui mériterait toute notre attention pour enfin respirer sans se niquer les poumons, et ça vient purifier l’air pour tout le monde en même temps.
Cette démarche va bien au-delà d’une simple quête de confort personnel. Lorsqu’on prend conscience que la consommation ne fait souvent que masquer des besoins plus profonds – qu’ils soient émotionnels, relationnels ou existentiels –, on commence à voir plus clairement comment ce modèle économique perpétue des injustices sociales, aggrave la destruction de l’environnement et nourrit des inégalités. En faisant de la place dans notre esprit, on se permet non seulement de remettre en question ce système, mais aussi d’imaginer des alternatives, tant au niveau individuel que collectif.
Au fond, il ne s’agit pas d’un effort pour se battre contre soi-même, et tu n’es pas obligé·e de te débarrasser de ton tapis toute seule non plus. Mais plutôt le fait de créer un espace pour reconnecter avec ce qui est vraiment important pour toi, tout en ouvrant la voie à des changements plus profonds. Ce processus peut, en fin de compte, t’offrir bien plus de liberté et d’impact que la course effrénée vers le capitalisme que tu choisis volontairement de ne pas regarder.
4. S’engager et résister ensemble
Se décapitaliser l’esprit, c’est déconstruire l’idée que notre valeur dépend de ce que nous possédons, produisons ou consommons. C’est refuser la marchandisation de nos désirs, de nos corps, de nos relations. Le capitalisme ne façonne pas seulement nos comportements économiques : il infiltre nos pensées, nos ambitions, nos émotions, et même notre rapport à nous-mêmes et aux autres.
Nous sommes encouragé·es à nous épuiser dans une quête infinie de performance et d’accumulation – d’argent, d’objets, d’expériences, de reconnaissance sociale – qui nous éloigne de nos véritables besoins et de notre pouvoir collectif. Se libérer de cette logique, c’est un acte profondément politique.
« Nous ne serons libres que lorsque nous nous libérerons ensemble, dans une solidarité radicale. »
— Angela Davis
Sortir de l’isolement et réapprendre la solidarité
Le capitalisme et le patriarcat reposent sur notre isolement. Ils nous poussent à voir les autres comme des concurrent·es plutôt que comme des allié·es. Ils nous font croire que si nous sommes fatigué·es, précarisé·es ou débordé·es, c’est un problème individuel, une mauvaise gestion de notre temps, un manque de volonté.
Or, l’épuisement systémique n’est pas un hasard. Il touche particulièrement les femmes et les personnes minorisées, sursollicitées dans le travail domestique, le care, le travail militant et émotionnel. Prendre conscience de cela, c’est comprendre que le self-care ne doit pas être une charge supplémentaire, mais une stratégie collective de résistance.
Détourner notre énergie vers des luttes essentielles
Une fois que nous avons repris du pouvoir sur notre temps et notre énergie, nous pouvons choisir où les investir. Refuser la course à la consommation, ce n’est pas juste acheter moins : c’est réorienter nos ressources vers des formes de vie et de lutte qui nourrissent nos valeurs.
Nous pouvons :
Participer à des initiatives féministes et militantes pour visibiliser et combattre les inégalités.
Créer et soutenir des alternatives économiques solidaires : entraide financière, circuits courts, coopératives, mutualisation des savoirs.
Déconstruire les injonctions patriarcales qui nous enferment dans des rôles de productivité et de sacrifice.
Retrouver du pouvoir collectif en s’organisant à plusieurs, en sortant du modèle individualiste imposé.
Résister ensemble pour construire autre chose
S’éloigner du consumérisme, ce n’est pas un retour à la privation, c’est un retour au choix. Imagine le temps, l’énergie et l’argent que tu pourrais redistribuer à ce qui a réellement du sens : ta santé, tes relations, ton engagement dans des initiatives transformatrices. Imagine une communauté où l’on veille les un·es sur les autres, où l’on prend soin du vivant, où l’on invente ensemble des futurs désirables. C’est ça, la vraie richesse.
Lutter collectivement, c’est se rappeler que nous ne sommes pas seul·es, que nos conditions de vie ne sont pas une fatalité, et que la transformation sociale commence par l’action individuelle mais se nourrit du collectif.
« La révolution est un acte collectif. Nous devons remettre le pouvoir entre les mains des opprimé·e·s, des femmes, des racisé·e·s, des précaires. »
— Sylvia Rivera
Voici quelques astuces pour s’engager et résister ensemble à la pression consumériste :
Créer de l’espace pour le changement → Une fois que tu as un peu plus de temps et d’énergie, tu peux utiliser ces ressources pour soutenir des causes qui te tiennent à cœur. Par exemple, au lieu de dépenser pour des objets dont tu n’as pas vraiment besoin, pourquoi ne pas soutenir une association locale, participer à des actions de nettoyage ou encore offrir ton aide à des projets qui favorisent le respect de l’environnement ? C’est un moyen concret de transformer ton énergie en actions collectives.
Renouer avec la solidarité → Quand on parle de solidarité, ça ne veut pas dire forcément partir en manif, mais ça peut être tout aussi simple que de prêter un coup de main à un.e ami.e, organiser une collecte de fonds pour une cause ou même échanger des services avec des proches (par exemple, un échange de babysitting contre des cours de yoga). Le plus important, c’est de sortir de l’individualisme et de voir les autres comme des allié.e.s avec qui on peut avancer ensemble.
Réinventer des modes de vie durables → Et si tu prenais un peu de temps pour t’impliquer dans des projets locaux qui favorisent des modes de vie plus durables ? Par exemple, rejoindre un collectif qui fait des repas partagés avec des produits locaux et de saison, participer à une friperie solidaire, ou même planter un jardin communautaire. Ces actions renforcent les liens et aident à créer des alternatives concrètes au modèle consumériste.
Favoriser des liens authentiques → La vraie richesse, ce n’est pas ce que l’on possède, mais les relations que l’on tisse. Prends le temps d’appeler un.e ami.e, d’organiser une soirée sans écran, de faire une sortie sans but commercial (comme une promenade ou un pique-nique). Ces moments sont beaucoup plus précieux que tout ce que l’on peut acheter. L’idée, c’est de se reconnecter à l’essentiel, à ce qui nous nourrit vraiment.
Prendre le temps de la décélération → Et si on ralentissait un peu ? Parfois, on court tellement après des objectifs de consommation qu’on en oublie de respirer. Pourquoi ne pas essayer de passer une journée sans regarder ton téléphone ou de prendre un weekend sans rien prévoir ? En prenant ce temps de pause, tu vas pouvoir voir plus clair dans ce qui compte vraiment pour toi et dans la direction que tu veux prendre.
Prendre soin de soi et contrer l’épuisement militant → Résister aux oppressions et aux injonctions, ça demande de l’énergie, et le système ne nous laisse aucun répit. Mais l’auto-préservation est une stratégie de résistance : prendre soin de toi, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour tenir sur le long terme. Accorde-toi des espaces de récupération, que ce soit à travers le repos, le mouvement, la création ou tout ce qui nourrit ton équilibre. Le soin de soi est collectif : en prenant soin de toi, tu participes à une lutte plus large contre l’épuisement des corps et des esprits sous pression.
Explorer l’importance du vide d’une manière spirituelle → Parfois, le vide n’est pas synonyme de manque. Tu peux explorer cette idée en pratiquant des moments de silence ou de contemplation dans la nature. Sans objectif précis, juste pour être présent.e à l’instant. Explorer le vide d’une manière spirituelle, c’est apprendre à l’aimer et à l’intégrer plutôt que de le fuir. C’est redonner de la place au vide, et comprendre qu’il a une valeur en soi.
Rejoindre des groupes partageant tes valeurs → Si tu veux échanger en groupe et retisser des liens avec une communauté, pour te rappeler que les valeurs de solidarité et d’entraide sont à reconstruire et sont nécessaires aux changements que nous voulons voir, tu peux intégrer les miens. J’ouvre d’ailleurs un groupe de parole le 17 février prochain pour que nous échangions ensemble sur “ma santé mentale” : cet épuisement que nous vivons toustes et qu’il serait bon de ramener à un sujet collectif, plutôt qu’à un problème individuel. Rejoins-nous !
Si tu veux aller plus loin :
Livre :
Rendre le monde indisponible de Hartmut Rosa : La modernité cherche à tout rendre accessible, contrôlable et exploitable, mais pour retrouver une relation plus authentique au monde, il faut réapprendre à l’approcher avec ouverture, sensibilité et sans volonté de possession.
Aliénation et accélération : Vers une théorie critique de la modernité tardive de Hartmut Rosa : Ce livre analyse comment l’accélération sociale, économique et technologique dans la modernité tardive engendre une aliénation croissante, en déconnectant les individus de leur environnement et de leur propre existence.
Adieux au capitalisme de Jérôme Baschet : Pour sortir de l’emprise du capitalisme, il faut repenser nos modes de vie, d’organisation et de production en s’appuyant sur l’autonomie, l’entraide et des alternatives émancipatrices, loin de la logique marchande et du pouvoir centralisé.
Documentaire :
Utopie·s ? S1 E2 - La terre et le travail, France Tv
Vous ne détestez pas le travail, mais les patrons et le capitalisme, BLAST
Sortir du capitalisme, mode d’emploi, BLAST
Retraites, 35h, etc : Il est urgent de travailler moins, BLAST
Photo de l’article : Art de Luciano Castelli
Merci de m’avoir lu,
Tu peux commenter, t’abonner, me suivre sur Instagram, écouter les méditations guidées sur YouTube, t’inscrire pour le prochain Groupe de parole, ou encore commander mon livre Cercles & Rituels,
Prends soin de toi et des autres,
Tiffany Garrido
SOIN COLLECTI·VES
Hello Tiffany,
Il y a de ça 3-4 ans, j'ai commencé à acheter des formations en ligne. Dont des formations extrêmement onéreuses dans le genre "devenez community manager". Le souci, c'est qu'on te fait percevoir les formations comme un investissement en toi-même. Depuis, j'ai dépensé beaucoup, beaucoup d'argent dans des formations en tout genre. Le pire, je crois, c'est que je n'en ai jamais fini une seule. Maintenant, je finis de payer celle que j'ai à payer et puis j'arrête. En ce qui concerne les livres, c'est une tout autre affaire ; je n'arrive vraiment pas à m'empêcher d'en acheter plus que ce que je lis.
Voilà, j'avais envie de partager ceci. Même si j'ai honte. 😅
En-tout-cas, super articles, très intéressants qui me donnent envie de creuser tout ça.
Merci
Merci pour cet article ! J'ai déjà mis en place plusieurs choses que tu proposes, ça m'a beaucoup aidé. J'ai lu le livre d'une Canadienne, Vicky Payeur, vivre avec moins qui m'a aidé aussi. C'est dur de requalibrer son cerveau pour consommer moins (mon armoire à bougies peut en témoigner). De te lire, ça m'a donné encore une dimension différente de pourquoi j'ai encore des efforts à faire pour atteindre mon idéal, et une motivation supplémentaire pour cet idéal, travailler moins !